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Les crabes en marinade
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Les crabes en marinade
  • Blog d'une famille corsaire à col bleu et son équipage: 1 jeune matelot, 3 pimoussettes, une bidou-pirate ayant arraisonné mon utérus via le courant fallopien. Ici, pas de rhum, pas de barils de poudre; rien que des tonneaux de lait maternisé et du talc!
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10 août 2012

Caprices à deux, caprices odieux


Amis lecteurs, aujourd'hui je m'adresse surtout aux parents que vous êtes, à la fibre maternelle et paternelle qui vibre en vous, avant de me suicider par absorption massive de Nutella (ça fait cher le suicide vu le prix du pot ici; mais je veux une mort digne).

 

J'ignore si certains d'entre vous ont déjà été confrontés à la "rébellion des deux ans et demi", mais vos témoignages, même les pires qui soient (SURTOUT les pires; jubiler du malheur des autres m'aidera grandement à m'estimer heureuse de mon sort), sont les bienvenus.

 

La rébellion des deux ans et demi, késako?

 

Ca ne vous a sans doute pas échappé au cours de mes récits, en plus d'être femme de marin (rien que pour ça, je mérite une médaille) (en chocolat, la médaille), je suis également Maman de 4 bambins, dont deux petites jumelles.

De deux ans et demi, donc.

Oui, je mets un "M" majuscule à maman, histoire de me valoriser et éviter de me sentir moche vieille conne fatiguée et aigrie en position d'infériorité face à l'adversité; c'est le principe "L'Oréal, parce que je le vaux bien", sauf que moi, c'est "l'auréole, parce que je la vaux bien" (pas sous les bras, l'auréole. Je n'en suis pas -encore- à ce stade...). Ou la méthode coué, quoi: "Ben quoué, je fais qu'est-ce que je peux, moué".

Parce que mes enfants sont fantastiques. Mais pas tous les jours. Normal, vous me direz, ce sont des enfants.

 

Mais d'après vous, ai-je des raisons de me sentir moche vieille conne fatiguée aigrie et rabougrie impuissante face à ce listing (non exhaustif) des épreuves parentales que j'ai été contrainte d'endurer, dans la seule journée d'hier:

 

- Hier, donc, mes cadettes ont généreusement gribouillé les 4 murs de la chambre de mon grand fils (heureusement que la pièce n'était que carrée et pas octogonale), sous les yeux amusés de ce dernier, visiblement fort satisfait de cette fresque murale datant de la période primitive néo-puéro-classique.

Parce que oui, c'est un classique, n'est-ce pas, chez les enfants, ça leur arrive à tous au moins une fois dans leur vie.

De préférence dans le première partie de leur vie, parce qu'à l'âge adulte, on appelle ça des taggeurs. Ou un déco-graffeur, si vous préférez. Déco-gaffeur. Je sais plus.

Et le tag est un délit passible de sanctions, non? Alors comment se fait-il que les bébés échappent à cette règle? Eh bien, parce que ce sont des bébés, justement.

Et quand votre bébé d'amour s'approche de vous avec sa petite moue charmante, et vous minaude un "Viens voir Maman, j'ai fait un zoli dessin pour touaaaaaa Maman!!", forcément, vous vous trouvez en régression totale et tombez -immanquablement- dans un état primaire de déliquescence gâteuse intense rose-bonbon qui donne à peu près ça: "OOOOoooooooooooooooooh merci, mon bébé chéri, comme tu es gentille ma pupuce d'amour, merci ma petite chouchoute!!!" (affligeant. J'admets,  j'avoue, j'assume. Règle des 3 "A").

Ca, c'est avant d'admirer l'œuvre de vos deux monstroplantes anges. Parce qu'après un coup d'œil rapide (pour ne pas trop souffrir) et une brève perte de connaissance due au choc émotionnel, vous vous demandez ce que vous avez fait dans vos vies antérieures pour mériter ça, et songez à:

 

- vous supprimer. Puis:

- supprimer les monstroplantes. Puis:

- de nouveau vous supprimer d'avoir osé penser à supprimer vos monstroplantes, ce qui fait de vous un affreux parent. Puis:

- repeindre la chambre.

- Ah oui, et remplacer tous les crayons de la maison par des feutres effaçables Crayola.

 

"QUI a dessiné sur les murs de CLEMENT????!!!!!"

 

Réponse catégorique et accusatrice de Juline:

"C'est pas moi! C'est ta soeur!!!!"  désignant de son petit doigt potelé Judith, se tenant à l'écart.

Cette dernière décide de sortir l'artillerie lourde et me fait son regard de Chat Potté, le plus pathétique qu'il soit possible de faire, et qui arracherait des larmes à Sébastien Chabal lui-même:

"Mais noooon Maman, c'est pas moi, c'est Juju!!!!"

Ouais, bon... je veux bien, moi.. mais laquelle, de Juju???

 

Mon cœur d'artichaut s'étiole à vue d'œil, et s'effeuille jusqu'au trognon. Voila, vaincue par KO 2 à 0.

 

Bon.... un simple gribouillage n'est peut-être pas si grave, avec un peu de recul. Peut-être que j'ai là deux artistes en herbe qui tentent d'éprouver leur talent de façon originale, sur un support encore inédit. Pourquoi pas. A leur âge, j'ai bien découpé des créneaux sur toute la longueur de la nappe de ma grand-mère, au nez et à la barbe de la maîtresse de maison et de tous ses convives attablés, grâce à ma petite taille et mon profilage furtif et aérodynamique (tu me mettais de profil, tu ne me voyais plus).

 

Bref, finalement, elles me ressemblent peut-être. Bien... étant donné que c'est la faute du gène familial, je consens à oublier l'incident, quand...

 

- un quart d'heure plus tard, je ne les entends plus.

 

Ooooh je vous vois bien venir.... "Meuuuh qu'est-ce qu'elle a à se plaindre, elle est bien difficile!!! Ses enfants sont sages et elle râle???"

M'enfin.... Les comportementalistes sont catégoriques, un enfant que l'on n'entend plus, c'est FORCEMENT mauvais signe... Partant de là, c'est la porte ouverte à toutes les supputations, on peut imaginer le pire:

 

- que les monstroplantes aient inséré leurs tentacules dans la prise,

- qu'elles se penchent à la fenêtre pour observer la mangouste en contrebas, qui attend  patiemment que le repas tombe,

- qu'elles aient trouvé d'autres murs dans la maison,

- qu'elles dorment (si elles se mettent à dormir en journée, je les emmène illico à l'hosto. Ce serait forcément le symptôme d'une maladie grave, puisqu'elles ne connaissent pas le principe, pourtant simple, du concept de "sieste").

 

Partant de là, mon esprit de parent stressé se met en branle et repense avec horreur à ces deux malheureux petits jumeaux, qui se sont noyés dans un piscine à peine remplie. Pauvres, pauvres petits bambins... que la douceur les accompagne là où ils sont.

Mais dès lors, on se sent prêt à tout pardonner à son enfant, à partir du moment où il reste en vie et en bonne santé.

 

Je monte 4 à 4 les escaliers, mettant la raclée de sa vie à Usain Bolt, me jette aveuglément dans la chambre, m'explosant au passage l'épaule dans l'encadrement de la porte, jette un coup d'œil circulaire et....

 

... et zut, elles sont dans l'autre pièce..

 

Une plante de pied sur lego plus tard, je les retrouve en train de jouer calmement à la dinette. OUF!!! Je m'approche d'elles, attendrie, et..............

HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA!!!

Horreur, enfer et damnation!!!

Elles font la vaisselle. La vaisselle dans leur cuisine Smoby.

Non, non, vous m'avez mal comprise...

 

Elles font VRAIMENT la vaisselle.

C'est-à-dire qu'avec l'eau qui se trouvait dans leurs biberons, et une imagination symptomatique de cette période humaine allant de l'enfance à la puberté, que l'on appelle "enfance", elles ont rempli l'évier factice, qui déborde allègrement sur le sol.

Puis elles ont récupéré le petit Marseillais du bac à douche, et savonnent leur dinette avec un enthousiasme tout marseillais, justement. Un rien exagéré.

La mousse aussi est marseillaise et donc particulièrement expansive, s'étalant joyeusement sur les sols et coulant dans le coffre à jouets situé au-dessous.

Ca pègue, ça glisse, mais par contre, seule note positive, ça sent bon.

Détail qui m'a paru tout à fait superflu quand mon orteil à malencontreusement rencontré le coin de la porte de placard, après une glissade qui m'aurait valu une note technique faramineuse en patinage artistique.

 

Mais le souvenir des deux petits noyés se rappelle à moi, et je ne peux décemment pas me mettre en colère, par respect pour cette famille. Et puis, c'est mignon, tout compte fait... Et puis dans un évier Smoby, elles ne risquent pas la noyade. Alors j'essuie patiemment, je ne dis rien, et je demande à l'ensemble des pin's de me rejoindre à table.

 

Au menu, gratin de carottes et quiche lorraine. Habituellement le menu préféré de mes bambins.

Mais pas hier.

Hier, allez savoir pourquoi, je me suis retrouvée confrontée à deux mini-miss renfrognées, les bras fermement croisés, la moue boudeuse, les sourcils froncés:

"Aime pas la cawotte, mouâ!!!!"

Ah??! C'est nouveau, ça vient de sortir...

Après:

1/ un combat inégal d'une grande gigue (moi) contre ces deux demi-portions, qui (pour ma défense), à elles deux, en constituent une entière,

2/ une nouvelle déco murale que j'ai baptisée "constellation sur fond blanc", au goût très sûr de carotte, dans tous les sens du terme...

... l'une des deux, enfin... l'une des trois parties a déclaré forfait, pour mettre fin au carnage.

Moi, en l'occurrence, n'ayons pas peur de le dire.

MAIS je les ai quand même privées de dessert. Ce qui fait quelles sont finalement sorties de table le ventre vide, renforçant mon sentiment d'échec et de culpabilité de toute-puissance. C'est mooooouââââ qui commande. Enfin, c'est ce dont j'essaie de me convaincre.

 

Mais la journée n'étant pas terminée, tous les (dés)espoirs étaient encore permis...

Et, en effet, elle s'est poursuivie dans la joie et la bonne humeur la plus totale, ponctuée d'incidents de manifestations spontanées de la fraîcheur des mes perles des îles (grosse paraphrase mignonne pour éviter de déraper verbalement):

Entre autres:

- deux verres cassés,

- une compote étalée au doigt sur la table, inspirée du cubisme, ou du happening, j'hésite encore,

- un robinet laissé ouvert,

- une tentative d'escalade du plus haut sommet de la maison (un placard mural accessible par ascension d'étagères),

- une séance d'expression vocale (cris soutenus proches de l'ultrason) due à une frustration encore non-identifiée à ce jour (Moi: "Mais qu'est-ce que tu veux?????" Ma fille: "AWAAWLABALAAAWAAAAAAAAAA!!!!!!")

- une course-poursuite périlleuse autour de ma table à repasser, sur laquelle reposait mon fer en cours d'utilisation (ce doit être ce que l'on appelle "le tour de chauffe")....

- un déroulage en règle de papier-toilette, suivi d'un atelier "papier mâché" (consistant à tremper du papier toilette dans l'eau du seau à serpillère).

 

J'en oublie, je crois. Mon esprit a refoulé. L'instinct de survie probablement.

 

Et le soir venu... alors que je pensais pouvoir profiter d'un petit cocktail coco-goyave, préparé par un mawi désolé de m'avoir laissée seule dans ce combat acharné, les vilaines ont subitement décidé que le sol de la chambre de leurs parents était plus confortable que le leur lit, refusant catégoriquement de retourner dans la leur.

Au bout de 2 heures de négociation, durant laquelle même les arguments les plus percutants de Maître Vergès auraient connu un flop retentissant, j'ai fini par trouver LA menace ultime:

 

"Si vous ne voulez pas dormir dans votre dodo, je vous mets à dormir sur la terrasse avec les bébêtes!!!!"

 

Je sais, c'est moche.... mais pas plus moche que:

 

 

- "Je mets Doudou à la poubelle!" (inefficace).

- "Je ferme la porte et j'éteins la lumière du couloir!!!" (efficace sur un bref laps de temps. A peine deux minutes. Juste le temps de remonter dans ma chambre et m'allonger avec un sentiment d'autosatisfaction, pensant, bien naïvement, avoir vaincu la bête).

- "Je mets du coton dans mes oreilles, comme ça, vous pouvez crier tant que vous voulez, je n'entendrai RIEN!!!" (ça, c'est moche pour les voisins).

 

Et puis, je n'allais pas sortir l'aide pédagogique si souvent évoquée par l'une de mes amies, elle-même victime de ceux qu'elle appelle tendrement "perte" et "fracas", ses deux petits garçons, à savoir: le maillet de 10 tonnes de Nicky Larson.

Ou encore la liqueur de goyave achetée aux trois-îlets.

Non, vraiment, moralement, je ne pourrais pas. Ca ferait de moi une mauvaise mère.

Alors que "je vais vous faire dormir dehors au milieu des bêtes sauvages", ça, ça ne fait pas de moi une mère indigne, pas du tout...

M'enfin, mieux vaut un petit mensonge, même éhonté, qu'une nuit blanche...

 

Hein, dites-moi que c'est vraiiiii.... bouhouhouhouuuuuuuuu!!!!

 

C'est que j'ai besoin de forces, moi, pour le jour d'après....

 

  

 

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Commentaires
L
A l'adolescence? J'ose espérer que leur sagesse sera inversement proportionnelle à maintenant... Y a pas un deuxième effet kiss cool, un truc dans le genre? Non? Combat jusqu'à 4 heures du matin pour les endormir, il y a deux nuits... Ce ne sont plus des valises que j'ai sous les yeux, mais carrément la soute à bagages! ;)
N
Qu'est-ce que ça sera à l'adolescence... ?
L
il y avait tromperie sur la marchandise, parce que mes filles, la première années, elles étaient sages!!! mais saaaaages!!!!! T'imagines pas. Du coup, j'ai pas l'habitude, moi!
D
Ah pis avec les excuses du : "mais voyons madame, la garantie n'etait que d'an un" !
L
... je me suis renseignée, il n'y a pas de SAV. Et puis je n'ai pas trop le droit de rouspéter, car il paraît que les vices cachés viennent de moi (très capricieuse étant petite. Bon, bah, ça se soigne bien finalement, je ne suis pas si terrible aujourd'hui.... Y a d'l'espoir, y a d'l'espoir!!!
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