White sand or white snow? *

 * C'est bonnet blanc et blanc bonnet...

 

Un mois tout pile nous sépare de notre tout premier Noël en Martinique.

En fait, cette année un peu spéciale est pour nous celle des toutes premières fois...

Jeanne Mas Live - Toute Premiere Fois

Eh oui, chaque événement, que l'on abordait en Métropole sans vraiment y réfléchir, prend une nouvelle dimension ici, et devient une nouvelle expérience. Parce que tout est différent.

Comme la toute-toute première fois.

Et Noël en Martinique, c'est assez déroutant pour que je vous en parle ici.

Les martiniquais ne sont pas à la traîne en ce qui concerne cette fête; et quelle ne fut pas ma surprise par 35 degrés, de voir déballées les premières décorations dès le mois d'octobre!

Alors que pour moi, Noël rimait jusque là avec la froidure, la morsure du mistral sur les joues rougies, le sapin Ikéa, les odeurs de mandarine et de cannelle, et le feu dans notre cheminée (un Père Noël rôti, ça vous branche?)... ici, je me sens comme une orpheline de Noël.

Imaginez-vous déambuler dans la chaleur moite d'une ruelle, tout dégoulinant de sueur, rêvant à une bouteille géante de Coca-Cola givré (même si vous savez que c'est mauvais pour la santé), et croiser soudain une ombre pyramidale verte d'environ un mètre quatre-vingt.

OMG, hulk!!! un sapin vert du Canada!!!

Votre première pensée n'est-elle pas que le soleil vous a trop tapé sur le coco, que la déshydratation s'est emparée de vous au point de vous faire entrevoir des mirages? Hum? Etait-ce bien du coca dans votre bouteille???!

Pourtant, c'est bien ce même sapin synthétique qui va prendre place, sous peu, dans mon salon.

Parce qu'il faut bien jouer le jeu.

Mais à part dans mon verre d'Aspro (rien de pire qu'une migraine due à la chaleur),  je ne retrouve pas cette effervescence, cette excitation qui vous rend capable de braver les températures négatives pour aller chercher le trésor qui fera bondir vos rejetons de plaisir, ce fameux 25 décembre.

Les saisons ne sont pas là pour imprimer le rythme nécessaire à la prise de conscience des fêtes approchantes. 

Il n'y a pas la famille. 

Pas les amis. 

Même pas le poisson rouge familial. 

Pas de repères, en fait.

Et vous ne voyez les automates de Noël dans les galeries marchandes que comme un énorme mensonge, une monumentale tromperie, une trahison profonde envers votre âme d'enfant, même si:

1- vous n'êtes plus sensé croire au père Noel depuis 25 ans (ben oui, tout le monde sait que ce sont les lutins qui font le sale boulot),

2- dans votre sud varois profond, il n'a jamais vraiment neigé à Noël,

3- la piña colada, c'est quand même vachement meilleur que le vin chaud.

Toute cette neige synthétique, ces rennes, ces lutins plantés dans un décor sorti tout droit du village des hobbits, vous semblent anachroniques et décidément pas naturels.

Voilà mon ressenti sur la question. C'est comme si j'avais franchi la porte des étoiles pour me retrouver dans un univers parallèle où les Pères Noël se promènent en caleçon de plage, débardeur résille et tongs Havaï-ananas, toute bedaine dehors. Avouez, ça casse le mythe.

Et de Père Noël bodybuildé, perso, je n'en ai jamais vu.

Pourtant, beaucoup de gens en rêvent, de passer Noël au soleil.

Thomas Cook, lui, il en rêve, si j'en crois la couverture -dont seul le papier est glacé- du magazine de son agence. 

Mais vous êtes vous déjà demandés si Tom Hanks était vraiment content, lui, de trinquer aux fêtes de fin d'année avec Wilson? 

Si Robinson Crusoé était réellement satisfait de devoir se coltiner un banquet de Noël avec un groupe de cannibales? 

(Bon, je vous l'accorde, les antillais n'ont rien de ces fous furieux à dents aiguisées, capables de se faire du pâté-de-mioches-en-croûte en guise de hors d'œuvre, pour leur repas de fêtes. Même si leurs petits pâtés à la viande sont délicieux) (Euuuuh ce qu'il y a dedans...? Je ne sais pas... De la chair à saucisse, probablement.) (Quoi, comment ça, d'où vient la chair à saucisse? Vous insinuez quoi, à la fin?!).

Vous vous voyez suer sang et eau au-dessus d'une cocotte de civet? D'une fournée de petits sablées, quand la chaleur avoisine dans votre cuisine celle des hauts-fourneaux de Florange (paix à leur âme)? 

Dès lors, on peut se poser la question suivante:

L'enfer est-il vraiment plus chaud que le paradis? Si oui, est-il exothermique ou endothermique? 

Vous avez deux heures; thèse, antithèse, synthèse. Bonne chance.

J'ai quand même vadrouillé un peu dans les supermarchés à la recherche du menu de réveillon parfait, et il ne m'a pas fallu longtemps pour faire une croix sur l'habituel foie gras (dont même le prix est trop gras. Limite indigeste, vous voyez...) et les chocolats (qui souffrent, comme nous, de suées fatales à leur indice de masse corporelle. En gros, ils fondent pour disparaître dans une informe mare cacaotée) (C'est vrai, autant manger du Nutella, vous avez raison; tous les prétextes sont bons).

Du coup, tous les subterfuges pour se glisser dans l'ambiance de Noël sont les bienvenus: 

les volets mi-clos, la clim à fond, une demi-douzaine de bombes de neige artificielle, qui, même aux heures les plus chaudes de la journée, ne fondra jamais, un bon chocolat de communion et hop... voilà comment duper son cerveau (ça marche moins bien si vous êtes brune AUSSI à l'intérieur)!

Tout est question d'auto-persuasion... 

Et puis, il faut bien admettre que "mon beau sapin" version zouk, c'est plutôt folklorique burlesque amusant... (Le jeu bidon du jour: si vous me trouvez un "petit papa Noël" chanté par Franky Vincent, je vous paie une bouteille de rhum local). 

Et certes, nous n'avons peut-être pas de champagne, mais nous avons le Shrek Shrubb (comment, vous vous schtroumpfez ce qu'est le schrubb? Dans ce cas, schtroumpfez-vous en bas de page, je vous schtroumpferai ce que c'est). 

En réalité, je compte sur nos amis martiniquais et leur convivialité pour nous montrer ce qu'est Noël sous les cocotiers.

J'attends de pied ferme leurs repas traditionnels, leurs "chanté-Nwel", pour pouvoir vous exposer ici ce qui compose une authentique fête de Noël antillaise... Car je les crois bien capables de réchauffer les cœurs autant que le soleil grille chauffe nos épaules...

Shrubb (et pas shrug, exercice d'étirement): mot s'intégrant parfaitement au jeu du Kamoulox.

Exemple: "Je clamse un origami et je schrubbe un parpaing bleu". 

Pour de vrai, liqueur à 40° d'alcool (histoire de ne pas dramatiquement mourir de froid lorsque la température extérieure chute subitement à 28°), schtroumpfée à partir de pelures d'oranges pays, de sucre de canne et de rhum.

Comments

[Dany]

J'ai passé un Noël et c'était pendant les vacances. J'avais passé le soir du réveillon dans l'église des anses d'Arlet. C'était magique. Une messe qui n'endort pas. Je pensais être traîné la dedans et au final j'en ai été ravie.

Et puis bon. Pas obligé de taper dans le chocolat pour se faire un Noël hein. De toute manière tu n'en profiteras à sa juste valeur. Un bon petit cocktail de fruit et du rire !

[La Mawie]

Merci Sandy pour cette tranche de vécu! Oui, il faut s'adapter. Effectivement j'entends beaucoup parler des chanté-nwel, je dois me rendre à une session d'ici peu! Je te dirai le résultat ;)

[sandycarros]

La première année, le Noël en Martinique m'a fait bizarre, surtout parce que je ne l'ai pas vu arriver ! Il faisait tellement chaud que mon esprit ne pouvait associer cette période à Noël. et puis on a testé les chanté nwel ! C'est vraiment génial et surtout, quelle ambiance, quelle chaleur !

Les années suivantes, nous avons opté pour un pique-nique amélioré (toasts au foie gras, toasts au saumon etc...) à la plage. J'avais apporté des guirlandes pour accrocher sur les arbres autour de nous. C'était top génial (il y a des photos sur mon blog)

J'espère que ton premier noël ici se passera bien !