Garantie amicale triennale.
Parfois, je réalise que nous allons partir. 3 ans. 3 ans, c'est:
- la durée légale d'un bail,
- l'âge qu'auront mes filles en novembre,
- l'écart entre chacun de mes enfants (bon, OK... 3 minutes entre mes jumelles)
- la durée de vie moyenne d'un sèche-linge (c'est scientifique)
- la période pendant laquelle s'aime un couple.
NDLR, avant que je ne me fasse des ennemi(e)s: Cette dernière information n'engage que le magazine "Féminunuche". Et ses lectrices. Tandis que nous, on est intelligentes. On ne lit pas ce genre de torchon. C'est le genre à vous déprimer quand tout va bien.
Avant de le lire, vous vous trouvez, belle, moderne, détendue et votre vie est parfaitement réussie.
Après l'avoir tenu entre vos mains, vous vous sentez, pauvre (sauf si vous possédez un yacht), crispée, mal épilée, blanche comme un cul, et peut-être bientôt célibataire.
Morceaux choisis:
- "OMG, nous nous aimons depuis 2 ans et 364 jours!"
- "OMG, elle vient d'accoucher de sextuplés et pèse le poids de ses 6 enfants réunis!" (sous-entendu-pensé-mentalement-à-l'intérieur-de-vous-même, mais assez fort pour que je l'entende: "alors que moi, j'ai pris 6x3 kilos en accouchant d'un seul!")
- "OMG, Brad et Angelina vont divorcer!!" (Non... ça, c'est faux. C'était pour vous faire peur)
- "OMG, Chris Martin est célibataiiiire!!!" (ça, c'était pour vous faire une fausse joie. Mélanie, si tu me lis...)
- "OMG!!! J'ai 3 cases rondes et 6 triangles carrés!!!", ce qui vous donne le résultat suivant (et n'essayez pas de tricher, c'est SCIEN-TI-FIQUE): "Vous pensiez avoir réussi votre vie mais ne vous voilez pas la face. C'est évident, vous avez raté votre couleur. A cause de cette bévue, votre moitié pourrez bien vous délaisser pour votre superbe voisine. Heureusement, notre test vous permettra de rester lucide sur votre monumental échec sentimental capillaire (oui, parce qu'ils vous adressent des messages subliminaux, en plus). Ouvrez l'œil!!! Non, pas celui-là.. vous louchez..."
Bref, qu'est-ce que je disais, moi, déjà?
Ah oui, donc, 3 ans.
J'ai mené une petite rétrospective sur ces 3 dernières années, et j'ai repensé à tous les amis que nous laisserons derrière nous (nan mais arrêtez de renifler. Ce n'est pas comme si on était morts, non plus) (Dites... vous me prêtez votre mouchoir? J'ai une poussière dans l'œil...)
A nos amis... et aussi... aux autres.
Car en 3 ans, nous avons testé pour vous "l'amitié fluctuante". C'est un nouveau concept, ça vient des Etats-Unis (faut que j'arrête avec les States, ils vont croire que je ne les aime pas). Bon, en fait, c'est un concept tout à fait universel. Chacun a déjà pu, au cours de sa vie (sauf ceux qui n'ont jamais eu d'amis, mais ça se soigne très bien) vérifier, expérimenter, pratiquer ce qui va suivre:
Vous avez plusieurs types d'amitié:
- l'amitié en CDI,
- l'amitié en CDD,
- l'amitié renouvelable par tacite reconduction,
- l'amitié non négociable,
- l'amitié soumise à conditions particulières (avec des clauses écrites en tout petit-petit).
- Moi par exemple, j'ai connu des gens, qui n'étaient au départ que de simples connaissances, qu'on nous a mis dans les pattes un peu par hasard, et qui par la force des choses, sans qu'on demande rien à personne, se sont autoproclamés nos amis. Des amis-pots-de-colle. Ils vous badent. Vous êtes un Dieu vivant pour eux. Et, avouez-le, ça vous flatte, quelque part. Alors finalement, comme ça nous flatte on les aime bien, même avec leur côté balourd, gaffeur et maladroit, on finit par s'attacher, et on les garde.
- On a connu ceux qu'on pensait être nos amis sans restriction, et avec lesquels on s'est retrouvés, sans qu'on comprenne comment, en compétition.
C'est subtil, au départ vous ne faites pas attention, ça peut prendre des années... puis vous vous rendez compte que leur intérieur finit étonnamment par ressembler au vôtre, et petit-à-petit, vous vous retrouvez en plein thriller avec des clones de vous-mêmes.
Sans comprendre ce qu'on vous trouve de SI fascinant.
Parce que vous, vous aimez bien votre vie comme elle est, vous n'êtes pas Rothschild, vous menez un petit train-train familial tranquille, mais votre clone-prototype-schizophrène pousse le vice toujours plus loin, dans l'espoir secret (mais gros comme Neverland au milieu du désert de Gobi) de vous en boucher un coin: il veut être vous, mais EN MIEUX: ses enfants sont, selon lui, beaucoup PLUS ou beaucoup MOINS (plus intelligents, moins capricieux), il reproduit vos habitudes, même les plus improbables (le Curly dans le Nutella), il change de voiture ou de maison "pour compenser" le fait que vous soyez contraints, agrandissement familial oblige, de voir plus grand, il ne vous invite chez lui QUE lorsqu'il veut vous montrer ses dernières acquisitions (généralement, équipement dernier cri), bref, constamment dans la surenchère, il essaie de vous mettre la pâtée du siècle.
Sans succès, le pauvre. Parce qu'il n'a pas compris que votre bonheur se trouve ailleurs.
Mais il y croit. Alors on le laisse croire, et on lui sourit gentiment. On le laisse nous traquer sur le net, et pleurer de jalousie sur nos statuts, dans l'anonymat des sites communautaires, là où il n'y a -en plus- pas la place, puis, fatigué de devoir vous justifier sur tout ce qui peut vous arriver de bien, (parce que pour lui, dès que vous prenez une tranche de bonheur, c'est injuste; il trouvera toujours le moyen de vous glisser une petite phrase assassine, sensée vous faire oublier que vous êtres heureux. Un peu comme le magazine Féminunuche), on l'oublie peu à peu, tandis que lui s'entête à rechercher une nouvelle façon de vous en mettre plein la vue, pour vous prouver à quel point il est teeeeeellement supérieur à vous.
Mais généralement, comme vous êtes con très gentil, vous finissez par avoir pitié, et vous lui proposez de passer boire un café à la maison (après quoi il trouve une corde pour se pendre, car il se rend compte que vous avez un écran plat 3D -vous vous rappelez? Celui de votre anniversaire-, et lui non).
- J'ai également connu l'amitié-TGV: on se rencontre, et on s'adopte immédiatement. On se fait bouffe sur bouffe, café sur café, sorties sur sorties, c'est très soutenu, et subitement, alors qu'on est comme cul et chemise, sans aucune raison particulière, on arrête. Souvent, c'est tout bêtement parce qu'on n'a plus le temps, qu'on a un nouveau rythme. Mais on ne se perd jamais vraiment de vue, et il se peut très bien que l'on ait une phase de récidive. Mais ça reste très cyclique. Ca relève d'un prévisionnel digne de Météo France, et de toute la fiabilité qu'on lui connaît.
- Après, on a l'amitié tacite: on sait que l'autre existe -loin, trèèèèès loin... dans eul'nord-, on l'estime énormément, il occupe une grande place dans notre cœur, mais on ne le voit -à notre grand regret- que rarement. On ne l'appelle pas très souvent non plus. Mais quand on arrive à l'avoir au bout du fil, c'est un véritable kidnapping mutuel: on se tient la jambe une bonne heure 3/4. Généralement, même, on prend un RDV téléphonique. Histoire d'être sûr qu'on ne sera pas interrompu dans le fil de la discussion. Pas le moment de faire caca la soupe. Elle finirait pas s'évaporer. Généralement, c'est le mawi qui met fin à votre logorrhée, vous adressant des "mayday, mayday!!!" désespérés, à grands renforts de moulinets avec les bras et de suppliques muettes: "MON ENTRECOOOOOTE S'ILTEUH PLAIIIIIIIIT!!!". Mais, parfois, on ne raccroche même pas. On vaque à nos occupations, le téléphone coincé entre l'oreille et l'épaule -Très bon pour la névralgie- -Ah, merci "ni clou ni vis"- Généralement, l'ami tacite, qui vous accepte tel que vous êtes même avec votre foutu carafon, est celui qui devient le témoin de votre mariage ou le parrain de vos enfants.
Dans mon cas, mes amis tacites cuisinent et montent à cheval comme des Dieux. Ben oui, tant qu'à faire, on les choisit avec moultes qualités (Je suis sûre qu'ils ne se reconnaîtront jamais, là) (Tiens, la correction automatique ne connaît pas le mot "moultes": elle me propose "moulâtes", "moulûtes", "moules", "moulés" ou "mouftes". Pfffff, même pas cultivée).
- Et puis, il y a l'ami qu'on a perdu de vue à cause des aléas de la vie, sans qu'on l'ait vraiment voulu, et qu'il faut reconquérir, réapprivoiser, parce qu'entre temps, on a changé, l'un comme l'autre, et on a subi les assauts -parfois violents- du temps.
Encore récemment, j'en ai fait l'expérience: j'ai renoué avec une personne pour laquelle j'ai une estime toute particulière, qui vivait dans le même village que moi -si proche et à la fois si loin!-, mais que j'avais un peu ... désapprise. Je pensais que tout allait bien pour elle, et, confortée dans cette idée, je ne me faisais pas de souci pour elle. Jusqu'au jour où j'ai brutalement appris par quel drame sa famille était passée, sans même le soupçonner. Là, on s'en veut de s'être si peu manifestée. Et de revenir une fois que le gros de la tempête est passée. Mais on essaie d'être là quand même, modestement et maladroitement. Un peu comme on peut, en se faisant discret dans notre présence, en essayant de faire le moins de bourdes possibles (et avec la classe d'un éléphant dans un magasin de porcelaine).
- J'ai failli oublier les amis que l'on ne voit JAMAIS en vrai. On discute par sites communautaires interposés, ou par blogs, comme ici, sans jamais se rencontrer. Mais on rigole bien ensemble. On a les mêmes idées (saugrenues). Et c'est d'autant plus agréable qu'on ne connaît pas les défauts de notre interlocuteur. On se CONTREFICHE qu'il pue des pieds et ait des pustules. Tout ce qu'on lui demande, c'est qu'il nous fasse rire. N'est-ce pas, Nalesk, n'est-ce pas, Marie-Anne? Pour ne citer qu'eux ;-)
NB: Je suis sûre que Nalesk et Marie-Anne ne puent pas des pieds.
- Enfin, il y a l'ami de toujours, un peu comme votre frère ou votre sœur, avec lequel vous ne prenez même plus de gants; vous pouvez roter devant lui sans qu'il s'en offusque, ou le vanner sur sa petite bedaine sans que ça le vexe, et il en rigole -comme un bossu, de son rire gras et communicatif- avec vous. Et lui vous pouvez lui parler avec l'éloquence et la finesse de Rambo, et il comprend tout keskevousdites, gnééééééééééééé. Et même, il vous répond dans le même registre bidochonnant. Et c'est super marrant. Vous feriez n'importe quoi pour lui, vous iriez jusqu'à vous couper un bras pour lui. Bon, enfin, au moins la première phalange. Et lui irait se noyer dans la Seine pour vous (on s'en tire bien, hein, Mika/Solène, la Seine ne passe pas par chez nous!).
Voila, alors vous qui entrez dans toutes ces catégories d'amis, sachez que vous allez tous me manquer.
Oui oui, même toi, l'emmerdeur qui me lit... même toi, on t'aime bien, va. Allez, je pousserai jusqu'à dire qu'on a de la tendresse pour toi. Et puis, "emmerdeur", c'est dans la catégorie "internationale", ça.
Et en fait... si on perd le contact, on n'a qu'à se "poker", d'accord?
Dans le Var, c'est 2...