La Kiltir péi
Pour profiter au mieux d'une destination, rien de plus important, selon moi, que de s'attarder un minimum sur son histoire, ses traditions, son héritage culturel ou ses particularités géographiques. Histoire de ne pas passer pour quelqu'un de remarquablement inculte.
Aujourd'hui, étant donné:
- que la géographie est plutôt le domaine réservé du Mawi, que je soupçonne s'être fait greffer un implant GPS sous la peau dans le seul but de m'humilier en voiture, et qui a mis la raclée de sa vie à la planisphère parlante de mon fils (qui a dû se vexer elle aussi, car depuis, elle est muette),
- que je n'ai pas la mémoire des dates et que c'est plutôt ennuyeux pour parler d'histoire (pardon, Carole, d'oublier chaque année ta date de naissance) (Meuuuuuh non, je ne voulais pas sous-entendre que tu étais un monument en ruine!!! Encore moins un dinosaure! Entre l'époque du crétacé et celles des cyber-cafés, y a un gouffre! Alors qu'entre ton âge et le mien... aussi, c'est vrai) (mais, tu es intemporelle, et tu me laisseras un souvenir impérissable) ('vache, je m'en tire bien, je crois...)
... il me reste, dans cette deuxième manche du "quatre à la suite" le thème des traditions. C'est mon dernier mot, M. Lepers. J'aborderai le thème culturel un peu plus tard, quand j'en aurai appris plus à la fac, histoire de ne pas trop me ridiculiser ici.
Bien, alors:
Lou traditioun:
Euh, hum hum, où sont mes fiches... Ah, voila, alors:
Les traditions martiniquaises:(an pa sa palé kréyol)
- d'après ce que j'ai pu lire, Pâques est l'une des fêtes les plus importantes aux Antilles. Les recettes traditionnelles sont indissociables des moments forts de l'année; aussi, pour Pâques, en Martinique, ne châsse-t-on pas les œufs, mais les crabes de terre (nettement plus difficile: la crabe est mobile, contrairement à l'oeuf), qui finissent en "matoutou" (fallait pas nous énerver!!!). Je compte bien tester personnellement ce plat et me faire ainsi détester de vous sitôt que j'en aurai l'occasion, mais pour l'heure, je ne peux que partager cette photo tout à fait salivante...
Non, 'ttendez. Incident technique.
Ah, voila:
En réalité, les fêtes pascales débutent dès le vendredi, par les processions aux calvaires des bourgs de l'île. Elles se poursuivent le samedi, dit "samedi Gloria": dès le premier son de cloches, les martiniquais prennent un bain de mer rituel dans les "eaux nouvelles", avec lesquelles ils arrosent leur maison pour s'attirer la chance (ça a un peu plus de gueule qu'une vulgaire pate de lapin, avouez) (Note: avec la chance que j'ai, si je veux que ça fasse effet, je pense que je ne dois plus me laver jusqu'à l'année suivante), Puis familles et amis se retrouvent le lundi sur les plages pour de grandes festivités, et la dégustation de fameux matoutou, au son de la musique locale. Ambiance garantie.
- Le carnaval est également une fête d'une grande importance en Martinique. A côté, les sages petits défilés de nos bambins dans les cours d'école font pâle figure. Comme à Rio, le Carnaval débute dès le mois de janvier, pour prendre fin le mercredi des cendres; chaque dimanche de cette période ont lieu des défilés rythmés et colorés, pour se terminer en apothéose durant les 4 derniers jours, pendant lesquels la joie explose partout dans l'île, et laisse libre cours à un défoulement général: les "grands vidés" (défilés de rue) ont lieu (je trouve que ce mot exprime particulièrement bien l'idée d'une sorte de catharsis -pardon pour le gros mot- de tous les tracas du quotidien, et du débordement jubilatoire et désinhibé qui en résulte). Cette joyeuse trève paralyse, quelques jours durant, la vie économique de l'île.
- La Toussaint: sa célébration, dans la bonne humeur, détonne avec le climat nostalgique ressenti en cette période en métropole. Les martiniquais attachent une grande importance au fait que la mémoire du mort soit honorée dans la joie, et que le souvenir de défunt s'impose de la façon la plus heureuse qui soit, conjurant la douleur de la perte. Les martiniquais s'appliquent à entretenir les tombes et caveaux, souvent spectaculaires, et à les décorer à grands renforts de fleurs et d'illuminations.
- Noël: alors que nous avons l'habitude d'espérer quelques flocons pour habiller nos sapins de blanc, et de faire nos ultimes achats dans la froidure de l'hiver, en se réconfortant par l'idée du feu de cheminée qui nous attend, la période de Noël en Martinique se fête en short et en tongs (sans les chaussettes, on a dit), par quelques 25 degrés, dans les effluves du "fleuri nwel" (fleur de la canne à sucre).
Mais la préparation n'en est pas moins festive, loin s'en faut: dès septembre, on prépare des liqueurs aromatisées à l'orange, au nom plutôt improbable (le schrubb. Non, pas le Shrek. Orange on a dit, pas vert). Je suppose que c'est un peu le même principe que le rhum arrangé de nos amis réunionnais. Mais comptez sur moi pour le vérifier par moi-même (c'est juste pour vous rendre service, bien sûr, et parfaire vos connaissances. Ou vous éviter la cirrhose. Rien d'autre).
L'une des recettes typiques est le jambon de Noël, que l'on laisse cuire au court-bouillon, avant d'en caraméliser la surface au sucre roux. Hummmm.... Les martiniquais sont également friands de petits pâtés créoles à la viande, que l'on trouve aussi à la Réunion, et du fameux boudin antillais. J'ai relevé toutes sortes d'autres recettes, qui ne demandent qu'à être testées...
En soirée, ces préparatifs s'accompagnent de chants traditionnels, les "chanté Nwel"; les martiniquais entonnent ces jolis cantiques, dont on murmure que certains viendraient d'Avignon ou encore de Lyon (nettement moins exotique. M'enfin, la charcuterie lyonnaise est quand même bien bonne), à partir du premier dimanche de l'Avent.
- En dehors de ces fêtes religieuses, d'autres traditions subsistent en Martinique, comme les combats de coq (tradition également bien ancrée à la Réunion); bien qu'interdite en principe, cette pratique se perpétue depuis l'âge ancestral. Les coqs s'affrontent dans des pitts (rien à voir avec Brad. Une arène, si vous préférez); est disqualifié celui qui ne se relève pas après 40 secondes. La question du dopage des animaux est parfois soulevée; c'est le problème des coqs sportifs, que voulez-vous. Mais j'ai un peu de mal à m'imaginer notre volatile vêtu du maillot à pois.
- Toujours dans la tradition sportive, mais le dopage en moins, sont organisées, chaque année au mois d'août, des courses de yoles et de gommiers (ou "gomyé") embarcations du nom de l'arbre qui servait jadis à les fabriquer. Autrefois, ces petits navires avaient pour seule vocation d'être l'outil de travail des pêcheurs; désormais, elles sont devenues des championnes de la régate. La yole ronde doit son apparition, dans les années 40, à un charpentier de l'île, qui s'est inspiré de la yole européenne et du gommier.
Evidemment, je n'ai listé là que les principales traditions de l'île; il en existe probablement de nombreuses autres, mais je ne dispose pas encore assez de pratique vous vous les décrire toutes. Il faut savoir ménager ses effets, faire durer le suspense.
J'en ai déjà trop dit. Vous deviendriez plus culturationnés que moi, ensuite. Ah ça non, alors. ;-)
SOURCES:
Je remercie les très intéressants sites: